Une des choses les plus importantes qui nous donnent envie de rester en Espagne c'est bien l'école des enfants ...
Dans notre nouvelle vie, nous croisons régulièrement la route de gens passionnants et passionnés. Ces rencontres enrichissantes nous apprennent beaucoup dans des domaines très différents. Nous avons depuis longtemps l'envie de les partager.
Nous vous présentons aujourd'hui Émilie, Denis et leurs deux enfants. Cette famille de parents-voyageurs expatriés à Madrid nous raconte leur nouvelle vie dans la capitale espagnole.
Emilie, pourriez-vous nous présenter votre famille ?
Nous sommes Émilie et Denis, parents de deux enfants : Louis qui a 4 ans et Suzanne, 2 ans. Nous vivons à Madrid depuis 10 mois. Précédemment, nous étions en France, sur Lille.
Pourquoi avez-vous déménagé en Espagne et depuis quand ?
Cela fait seulement 10 mois que nous sommes à Madrid. Nous avons eu une opportunité professionnelle du côté de mon conjoint. Nous n'avons pas hésité longtemps avant d'accepter cette proposition. Denis faisant le trajet Lille - Paris tous les jours, nous envisagions de nous rapprocher de Paris. Cette opportunité est tombée à pic, car nous n'appréciions pas spécialement les conditions de vie parisienne.
Les enfants étaient-ils scolarisés en France ? Comment ça se passait ?
Oui, mon fils de 4 ans a fait seulement le 1er trimestre de maternelle en France, dans une école privée. En 4 mois, nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour connaître parfaitement le système éducatif français. Ce qu'on a retenu n'était pas très positif (maintenant que l'on a la possibilité de comparer). Une rentrée longue à se mettre en place. Des pleurs pendant 1 mois, car certains enfants n‘étaient visiblement pas prêts et pas totalement continents. Ce qui était difficile pour Louis le matin quand je le déposais. Ils étaient 32 dans une classe avec jusqu'à 1 an de différence d'âge avec Louis. Il avait été refusé l'année précédente car il n'avait pas encore 3 ans (il est de janvier). En revanche l'année de sa rentrée, cette règle n'existait plus visiblement. Après je n'avais pas vraiment idée de ce qu'il faisait au quotidien. Je faisais confiance à l'école et à sa maîtresse (qui, au passage, était top et très à l'écoute).
Ma fille était dans une garderie publique de notre ville.
Dans quelle école vont les enfants maintenant ? Pourquoi avez-vous choisi cette école ?
Étant arrivés en cours d'année, nous n'avons pas eu d'autre le choix que de mettre les enfants dans une école privée. En faisant nos recherches, nous avons découvert notre école actuelle proche de la maison. Il y avait de la place pour nos 2 enfants. On a donc opté pour ce choix.
C'est une "escuela infantile" comme ils appellent ce type d'école ici. Cette école accueille les enfants de 0 à 6 ans seulement. Ensuite, les enfants doivent intégrer un cursus obligatoire espagnol. Donc, s'orienter vers des établissements scolaires publics ou privés.
Maintenant avec du recul, nous sommes très satisfaits de l'éducation qu'ils reçoivent dans cet établissement. Après cette phase de découverte l'année dernière, nous avons continué le cursus pour cette nouvelle rentrée. Nous sommes ravis des méthodes d'apprentissage et de la qualité de l'enseignement. Classe de 10 élèves, pédagogie alternative basée sur la multipotentialité de l'enfant. Ils font aussi de la piscine au sein de l'établissement. Il y a également une garderie de 7 heures jusqu'à 19 heures (idéal pour gérer les imprévus).
Si vous avez constaté des différences avec le système éducatif français, pourriez-vous nous en parler en détail ?
Ici, les enfants ont un programme scolaire, même pour ma fille de 2 ans. Ils "travaillent" sur des sujets sous diverses formes : auditive, sensorielle autour du jeu, motricité.
C'est une école bilingue. Moitié du temps en espagnol et l'autre moitié en anglais. Ils ont donc 2 professeurs. L'école part du principe que l'anglais doit faire partie intégrante de l'apprentissage, de manière naturelle. Les enfants réalisent les mêmes activités, mais en anglais. Par exemple, ma fille peut avoir de la piscine en anglais. L'apprentissage se fait naturellement, comme il peut se faire pour la marche par exemple.
Ici, nous avons une réunion chaque trimestre durant laquelle les 2 professeurs nous parlent du programme du trimestre. L'idée étant de suivre à la maison et de continuer l'apprentissage au travers des jeux ou des visites le week-end.
Par exemple, Louis a étudié les monuments espagnols et les moyens de transport. Les professeurs nous ont encouragés à aller avec eux voir ces monuments en vrai (mieux si l'on y allait en métro) et, si possible, de prendre des photos pour les accrocher dans la classe. Idem avec toutes les thématiques. L'été dernier, la classe s'est transformée en camping géant pour cette thématique. En décembre, ils vont apprendre l'arbre généalogique, nous devons donc apporter des photos de nous et de nos parents pour le reconstituer.
En tant que parents, ils nous impliquent beaucoup dans l'éducation. Je trouve ça très bien, car nous savons exactement ce qu'ils apprennent et comment ils l'apprennent.
Les enfants apprennent diverses thématiques : sciences, géographie, arts. Ils font aussi beaucoup d'exercices de motricité et apprennent l'empathie et la relation avec les autres (comportements, émotions, confiance en soi…).
À 4 ans, Louis est aussi en apprentissage d'écriture et de lecture.
Cela peut paraître intense pour des enfants de leur âge, mais comme tout est orienté par le jeu et des activités ludiques, ils retiennent à une vitesse incroyable. Jouer au Bingo pour apprendre les nombres, c'est plutôt chouette je trouve.
Jouer au Bingo pour apprendre les nombres, c'est plutôt chouette.
Comment votre vie de maman a-t-elle changé ?
Ce qui a changé aussi, ce sont les périodes de vacances. Ici, ce n'est pas toutes les 6 semaines, où cela devenait infernal pour les modes de garde. Ici, c'est 3 semaines sur toute l'année et 2 mois l'été. Par contre, il y a beaucoup de jours fériés et systématiquement, ils font le pont. Les enfants ont l'école 5 jours sur 7. En tant que maman travailleuse, c'est assez pratique, je l'avoue. Nous n'avons pas de système de garde supplémentaire. Je prends des congés quand il n'y a pas école.
Je suis très sereine quant à l'évolution de nos enfants. Je me sens plus impliquée dans leur enseignement. Nous faisons le maximum pour continuer les interactions à la maison.
Avez-vous remarqué si les enfants ont changé de comportement ? Si oui, pourriez-vous nous en parler en détail ?
Louis, mon aîné, était un enfant plutôt introverti. Vu son comportement parfois, nous avons même pensé à un moment qu'il était autiste. Il n'en est rien, c'est un enfant solitaire. L'école en France était difficile pour lui au niveau des relations avec les autres.
Ici, le nombre restreint d'enfants a facilité son intégration. Il a assez rapidement trouvé sa place. Les autres enfants ont été très bienveillants. Je pense qu'il a dû avoir un accompagnement de la part des professeurs. Aujourd'hui, c'est un enfant qui nous parle de ses copains, qui joue à la bagarre, qui demande à aller au parc avec ses copains et copines. On va même aux fêtes d'anniversaire, il joue non-stop avec eux ! Avant, jamais il ne demandait ça ! Il restait dans mes jambes ou jouait en solo à part. Il s'est ouvert. L'apprentissage de deux nouvelles langues n'a pas posé de problème quant à son intégration non plus.
Pour Suzanne, le changement d'école était plus compliqué, elle passait de la garderie à l'école. Donc la transition a été plus longue. En plus, les Espagnols sont plus tactiles et Suzanne déteste ça. Alors il a fallu un temps d'adaptation !
Les habitudes d'éducation en famille sont-elles différentes de la France ?
Oui, très. Les Espagnols ont un rythme très spécifique. Les enfants se couchent plus tard que chez nous. Rarement avant 22 heures pour les mamans que je connais. Ici, tout est orienté vers l'enfant. Les mamans vont parfois 1 heure au parc en sortant de l'école. L'enfant est vraiment au cœur de la famille et n'est pas le suiveur comme j'ai l'impression en France.
Ici, les parents prennent leur temps alors qu'en France c'est la course.
Votre vie quotidienne aujourd'hui est-elle différente de celle que vous aviez en France ?
Oui, nous avons malgré tout changé notre rythme au fil des mois. Nous courons moins c'est sûr. Je dépose les enfants à 9 heures le matin (plus tard qu'en France) et j'ai 30 à 40 minutes pour les déposer. Donc pas besoin de courir, je ne suis pas obligée de "sonner" au portail si je suis en retard. Je les récupère à 17 heures. C'est plus ou moins les mêmes horaires qu'en France.
On profite plus des fins de journée, on va au parc, on joue, on cuisine. Les enfants participent aussi à la vie quotidienne de la maison. On dîne vers 20 heures et on les couche vers 21 heures maxi. Ou plus tard le week-end, en fonction des sorties. On a un rythme encore très "français" pour les Espagnols . Pourtant, nous trouvons que c'est très différent qu'en France.
Comment sont les gens à l'égard des étrangers que vous êtes en tant que nouveaux arrivants ?
Ici, les Espagnols sont bienveillants et accueillants pour la plupart. Donc nous n'avons pas eu de problème d'intégration. Nous tissons au fur et à mesure des mois notre cocon social autour des rencontres que l'on fait, au travers de l'école et des activités.
Y a-t-il des choses que vous manquent de la France ?
Globalement non, si ce n'est la famille et les amis. Les enfants réclament souvent leur papi et mamie. La Visio a ses limites.
Pourriez-vous nommer 3 choses que vous adorez en Espagne et 3 choses que vous aimez moins dans votre nouvelle vie ?
Ce que nous aimons beaucoup en Espagne :
- Le rythme de vie qui est plus tranquille,
- La richesse du pays (patrimoine, culture, paysage...),
- La mentalité des Espagnols : ouverts, bienveillants, non agressifs.
Ce que nous aimons moins :
- L'avancée sur l'environnement ! Ici, les magasins de vrac n'existent quasiment pas et les marchés de producteurs locaux non plus. C'est assez difficile de consommer mieux ;
- Le travail et les différences de richesse de la population. Le SMIC est à 800 € pour 40 heures de travail par semaine. Les loyers à Madrid sont assez chers ;
- L'administration est aussi compliquée qu'en France !
Si vous pouviez refaire la même expérience, que feriez-vous différemment ?
On ne changerait rien du tout !
Comment voyez-vous l'avenir de votre foyer dans ce nouveau pays (tant personnel que professionnel, pour vous et vos enfants) ?
Nous avons décidé de rester plus longtemps que les 2 ans initialement prévus. Évidemment, cela dépendra du contrat local de mon conjoint (au vu des salaires ici, il faut tout calculer !). Nous voulons que les enfants continuent l'apprentissage des 2 langues. L'année prochaine, mon aîné va intégrer un cursus "classique" espagnol. Privé ou semi-privé, on ne sait pas encore. On ne le mettra pas en école publique, je pense. Notre dernière va rester dans l'école actuelle jusqu'à ses 5 ans.
Moi je travaille en free-lance donc cela ne change rien pour moi, si ce n'est qu'en France, je dois travailler 2 fois plus pour payer toutes les factures. Le coût de la vie en Espagne est nettement moins cher donc cela me permet d'être plus disponible pour les enfants.
On souhaiterait aussi continuer notre parcours d'expatriés en testant d'autres pays.
Merci beaucoup, Émilie. C'était très intéressant et instructif. Voulez-vous ajouter autre chose pour conclure ?
Je pense que la seule chose qui ne nous donne pas envie de rentrer en France c'est bien l'école pour les enfants.
Les pédagogies alternatives manquent encore en France et l'apprentissage de l'anglais est un véritable problème. J'espère que cela évoluera pour les générations futures.
Pour suivre l'aventure d'Émilie et de sa famille, rendez-vous sur son blog www.parents-voyageurs.fr. Elle nous raconte leurs voyages et partage plein de bons conseils et d'astuces de parents-voyageurs.